Section PCF de La Garde et Le Pradet (83)

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Vendredi 19 septembe au square D. Casanova, le PCF La Garde Le Pradet rend hommage à la résistance

Chers camarades, Chers Gardéens,Pradétants,
Nous avons pris l'initiative de nous réunir ce jour pour commémorer l'action résistante incarnée
par Danielle Casanova , lors de la Seconde Guerre Mondiale.
Cette initiative de commémoration se fait dans une absolue clandestinité, après le refus de la
municipalité gardéenne de faire de cet acte de commémoration un événement public.
Qu'importe, l'Histoire n'étant la propriété de personne (quoique...), nous refusons de nous
soumettre à cette interdiction et assumons donc de rendre un hommage public à cette figure
féminine communiste de la Résistance française.
Nous savons tous la valeur qu'il convient d'accorder à l'acte de commémoration. Il demeure un
impératif historique et citoyen.
Il permet une remémoration collective de l’événement passé, en l'inscrivant dans l'actualité,
dans le temps présent. Que nous dit cette actualité ?
Elle nous réclame la plus vive vigilance, en sortant de notre état de silence. Elle nous réclame de
ne pas taire les actions résistantes de libération du territoire français, qui ont mis un terme à
l'Occupation étrangère.
La Résistance française s'intègre à un processus global de libération : elle en est l'un des
vecteurs, mais un vecteur clandestin. S'il nous est impossible d'éprouver le ressenti de ces
Résistants, à l'instant où ils refusèrent la soumission, nous connaissons néanmoins la valeur de cet
acte de résistance et ses enjeux inhérents.
Devant ce kiosque à la mémoire de Danielle Casanova, déroulons ensemble le fil de sa vie et de
son combat, en héritiers de sa mémoire. Que racontent ces mots inscrits sur cette plaque ?
Résistante, déportée... 2 mots pour résumer une vie.
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Née en Corse en 1909, Danielle Casanova - Perini de son nom de jeune fille - suit sa scolarité à
Ajaccio puis en France, pour se spécialiser dans la médecine dentaire. De son mariage avec Laurent
Casanova en 1933, elle hérite de son nom.
Dès 1928, elle adhère au Mouvement de la Jeunesse Communiste, qui la conduit à devenir
membre d'une nouvelle direction des Jeunesses Communistes en 1934, puis Secrétaire générale du
Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme.
Ce parcours initiatique détermine bien sûr ses positions lorsque éclate la Seconde Guerre
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Mondiale. Fichée comme « communiste », elle passe dans la clandestinité, s'occupant justement de
l'édition clandestine de la revue l'Avant-Garde et d'autres publications, assurant la liaison entre la
direction du PCF et des militants ou intellectuels influents, et contribuant à la propagande politique
dans l'Armée. En octobre 1941, elle édite une « Humanité des femmes ».
Elle est donc activement impliquée dans les mouvements de protestation contre l'Occupation et
le régime Vichy. C'est au cours de l'une de ses missions, confiée par la direction du PCF la
chargeant de réunir des intellectuels patriotes, qu'elle est arrêtée, le 15 février 1942 près du Pont
Mirabeau. Elle demeure au Dépôt de la Préfecture de Police jusqu'au 23 mars avant de rejoindre la
prison de la Santé, en présence d'autres camarades. Suivront 5 mois et demi d'enfermement, avant
que n'ait lieu l'interrogatoire de la Gestapo prononçant son incarcération à Romainville. Là, elle
devient rédactrice en chef d'une presse clandestine, rédigée par des patriotes de toutes opinions et
recopiée à la main.
Le 24 janvier 1943, soit presque un an après son arrestation, Danielle Casanova est déportée à
Auschwitz-Birkenau dans le « convoi des 230 femmes », convoi-symbole des femmes de la
Résistance, âgées de 17 à 69 ans et comptant 119 communistes. Les compétences dentaires de
Danielle Casanova la font succéder à la dentiste du camp, récemment décédée du typhus. Cette
position particulière au sein du camp lui permet de nouer rapidement des contacts avec
l'organisation clandestine interne et d'apporter soins et soutiens aux camarades internées.
Elle décède à son tour du typhus, qui l'emporte le 9 mai 1943.
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Feuilleter cette vie et lui rendre hommage fait partie du devoir de mémoire. Mais ce devoir de
mémoire se borne-t-il à un simple récit ?
Il semble qu'il consiste pour certains à afficher publiquement leurs préférences historiques, en
choisissant un « camp » d'après-guerre ? De tels agissements mettent en péril les bases fondatrices
de la fin de guerre, en remettant en cause le sens de l'Histoire et la réalité des faits ?
Combien compte-t-on de révisionnistes et de négationnistes de ce temps de guerre ?
Certains dont le nom sonne bien faux dans le paysage politique actuel ! Majoritairement, ils
s'affichent comme frontistes... Faut-il seulement s'en étonner ? La plupart aurait sans doute été les
plus infâmes collaborateurs. Mais ils célèbrent La France, à leur façon, que voulez-vous...préférant,
c'est sûr, Jeanne d'Arc à Danielle Casanova !
Remontons le temps... leurs omissions nous y obligent.
Il n'est pas à nier que nombre de résistants luttant contre l'Occupant étaient communistes.
Dans ces faits de guerre et de barbarie, il n'y a pas une loyauté, un degré de courage, un acte de
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résistance qui vaille plus qu'un autre. Parce qu'à l'origine, une même intention présidait : ces
femmes et ces hommes ont partagé la même prise de risque. Certains ont en payé un plus lourd tribu
que d'autres, mais tous ont oeuvré en faveur de la liberté. Au nom de celle-ci, ils ont eu assez de
courage pour passer dans l'autre camp, celui des insoumis.
Considérons bien l'état de clandestinité que leur imposait ce choix, les risques immenses qu'il
encouraient en ne collaborant pas, activement ou passivement. L'appartenance communiste
aggravait encore la prise de risque, les partisans étant fichés et devenant l'une des cibles privilégiées
des Collaborateurs et Occupants. Ainsi en témoigne le parcours de Danielle Casanova...
Fallait-il donc taire cette mémoire et renoncer à cet hommage aujourd'hui, sur commande d'une
municipalité dont certains sont issus des rangs frontistes ?
Non, il faut s'en offusquer ! Là commence le vrai devoir de mémoire : celui de valoriser
l’événement historique dans son intégralité, sans préférence de camp !
Dans le processus de libération de La France, nous reconnaissons la valeur de tous ses
libérateurs, sans condition d'origine, de classe, de rang. Et en qualité de communistes, héritiers de
ces femmes et hommes de courage, nous devions célébrer ce jour l'engagement résistant de Danielle
Casanova, éludé de l'espace public.
La commémoration nous révèle ici tout son pouvoir symbolique et actuel : elle ravive
insidieusement les rancoeurs du passé, certains s'octroyant le droit de faire un tri parmi les « héros »
à citer. De telles pratiques n'encouragent pas l'apaisement, mais attisent, par volonté, les tensions ;
réactivent le conflit ; réécrivent l'Histoire.
Demandons à ces « bons Français » si ce sont les mots qu'ils craignent ou refusent d'entendre
quant leur tendances extrêmes pourrait tout droit nous y conduire ? Les mots d'« arrestation »,
d'« exécution », de « torture », de « déportation », d'« extermination » et de « génocide » ?
Et faut-il alors se taire, accepter ces propos diffamants, ces oublis volontaires, ces écarts
assumés ? Non, pas de consentement ni de soumission devant ces partisans maladroits de l'Histoire.
Le devoir de mémoire nous somme de résister à leurs tentatives sournoises, en refusant de les
banaliser !
Car sinon, à quoi bon avoir crié « Plus jamais ça », si nous acquiesçons silencieusement leurs
dérives ?
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Nous, communistes et sympathisants devons maintenir notre vigilance extrême face à ces
récurrentes instrumentalisations de la mémoire collective, qui éveillent le soupçon et alimentent les
dissidences.
Par ce rassemblement collectif, il nous importe aujourd'hui de rétablir un consensus sur la valeur
de la Résistance, communiste, au risque de maintenir notre héritage en sursis. Il ne devrait exister
aucun discours équivoque sur cette séquence historique, mais une volonté univoque de célébrer et
remercier l'ensemble de ses libérateurs, résistants ou combattants.
Le 8 mai 1945 n'a hélas pas refermé la séquence de la barbarie, pour d'autres peuples, d'autres
pays, d'autres mémoires dont nous héritons et pour lesquelles nous espérons vivement une sortie de
guerre.
L'avenir est présent dans notre volonté de commémorer, nous mesurons le combat qu'ils nous
reste à mener pour écarter toute forme de tyrannie dans le monde.
Notre action politique et citoyenne doit se nourrir de ces mouvements de résistance et de liberté,
s'en inspirer. N'est-e pas cet avenir vers les « jours heureux » que traçaient déjà les prescriptions du
programme du CNR ?
Le Conseil National de la Résistance alliait l'action politique immédiate, à travers le plan
d'action destiné à la Résistance intérieure française, à l'élaboration d'un programme politique
applicable dés la sortie de guerre. Si le CNR a donc su fédérer les mouvements de Résistance
intérieure, en prônant une lutte armée et l'union de toutes les forces patriotiques, sa projection
politique dépassait le cadre clos de la guerre.
Hors de ce champ et des censures du Régime Vichy, il a été décidé à la Libération, parmi
d'autres mesures, de rétablir le suffrage universel pour garantir la démocratie ; de garantir la liberté
de pensée et d'expression ; de contribuer à la liberté de la presse ; de respecter la personne humaine
dans ses droits les plus fondamentaux ; d'assurer le droit au travail et au repos à chacun ; de
reconstituer un syndicalisme indépendant ; de mettre en oeuvre un plan complet de sécurité sociale,
en étendant ces droits à toutes les populations.
Nous sommes fiers de cet héritage, fiers de nos « héros », ces femmes et ces hommes ordinaires,
de toute origine, qui ont pris un jour la liberté de résister ! Et nous pensons fortement à nos héros
varois et gardéens, qui ont pris ce même engagement, dans la peur noire.
Nous leur devons cette liberté. La liberté de pouvoir résister, encore parfois s'il le faut, mais
surtout la liberté d'espérer, en regardant vers un avenir apaisé.
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Citons René Char, poète résistant, ce Capitaine Alexandre du maquis de Céreste et de
Forcalquier qui adressait déjà cet appel.
« L'action qui a un sens pour les vivants n'a de valeur que pour les morts, d'achèvement que
dans les consciences qui en héritent et la questionnent.
Nous devons surmonter notre rage et notre dégoût, nous devons les faire partager, afin d'élever
et d'élargir notre action comme notre morale. »
Déposer aujourd'hui une gerbe à ce kiosque, c'est exprimer à la fois notre rage et notre
reconnaissance en élevant notre action vers toujours plus d'humanité.
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le 20 septembre 2014

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